L'Ecstatic Dance, l'événement libérateur où les gens dansent comme s’ils étaient seuls dans leur chambre mais tous ensemble  !

undefined 24 mai 2019 undefined 12h57

Dora

As-tu déjà entendu parler de l’Ecstatic Dance ? Si tu as le cœur hippie et que tu fais partie de ces travelers qui trainent leurs pattes de Bali à San Francisco, c’est peut-être le cas, sinon c’est peu probable.

La bonne nouvelle, c’est que le phénomène Ecstatic Dance prend de plus en plus d’ampleur à Paris et que vu que je me soucie beaucoup du fait que tu pourrais totalement passer à côté, je t’en parle, pour que toi aussi, tu puisses goûter à cette si libératrice et salvatrice philosophie de danse.


Dance like nobody's watching !


Inutile de le nier, je sais que toi aussi, souvent, tu danses vraiment n’importe comment chez toi, dans ta chambre, quand personne ne te regarde. Mais dès que quelqu’un arrive... Hop! Tu t’arrêtes, ni vu, ni connu, de peur d’avoir l’air trop ridicule.

Quand tu sors en boite, tu danses, mais tu ne danses pas vraiment. Tu oses te lâcher après avoir bu 5 bières, et encore… tu gigotes, car tu as envie de plaire quand même. Faut que tu restes désirable, alors tu ne peux pas gesticuler à 100 % de façon totalement libérée.

Tu prends peut-être des cours de danse, mais on t’apprend à faire des gestes qui doivent d’être harmonieux.


À quel moment es-tu vraiment libre de tes mouvements ? 

Et si je te disais qu’il existe un lieu, à Paris, où tu peux danser vraiment comme si tu étais tout seul dans ta chambre, mais entouré de gens qui dansent aussi comme s’ils étaient tout seuls dans leur chambre, mais tous ensemble ? Un lieu où personne ne juge les mouvements des autres, aussi absurdes soient-ils ?

Eh bien ce moment, ce lieu, cette activité, c’est l’Ecstatic Dance, une forme de danse, ou devrais-je dire, de voyage, d’environ trois heures qui permet un lâcher prise total. Un voyage musical qui permet de rentrer dans une forme de transe, sans prendre aucune substance, pour tenter de renouer avec son moi profond, un lieu pour renouer avec le plaisir du mouvement. On a tendance à l’oublier, mais bouger, juste bouger, redécouvrir les possibilités du mouvement, peut être une source de joie intense quand on arrive à se libérer de tous ses préjugés.

Dans cette société, on nous apprend dès le plus jeune âge « à bien se tenir ». Ancrées bien profond en nous, nous avons intégré un tas de règles de maintien corporel et nous avons totalement oublié que nos corps ont une sagesse naturelle, un battement, un rythme, que l’Ecstatic Dance permet de redécouvrir. 

Ciao les conventions, ciao la bienséance, bienvenue dans la danse, la vraie, celle qui permet un chemin d’exploration et de jeu. Aller à l’Ecstatic Dance, c’est s’offrir un moment où les faux pas n’existent pas et où la performance esthétique ou artistique n’a aucune importance. Enfin un endroit où j’ai le droit de faire des mouvements qui ne sont pas coordonnés sans me faire reprendre par le prof' !

«Le plus important, c’est de respirer son mouvement », m’explique Virgine Brune, la lumineuse créatrice de Ecstatic Dance Paris.

« L’Ecstatic, c’est une freeform dance. Ici tout est possible, c’est une danse ou chaque mouvement est juste, car il est vécu et ressenti. Chaque mouvement est accueilli sans jamais être jugé. L’Ecstatic Dance, c’est une manière de se sentir incarné, dans l’instant présent, de se connecter au plaisir d’être en vie et de se sentir pleinement humain. C’est une façon de se reconnecter à sa part sublimée et d’être dans sa propre magie. »


La découverte du Conscious Clubbing

C’est pendant des vacances à San Francisco que j’ai découvert l’Ecstatic Dance. Je suis tombée sur un prospectus et curieuse comme je suis, je me suis rendue à l’adresse le jour J. Je me suis retrouvée dans une salle à Oakland, la ville en face de San Francisco, ou plus de 400 personnes dansaient à 18 heures, comme des dingues !

Certains faisaient la grenouille, d’autres dansaient vraiment à deux à l’heure en mode complètement perché, certains méditaient assis, lorsque d’autres me donnaient l’impression qu’il allait faire une partouze sur le dancefloor. Les gens étaient totalement décomplexés, et ça m’a scotché ! J’avais l’impression d’être à la teuf de l’année, et pourtant, ici, tout le monde était sobre. Les règles de l’Ecstatic sont claires. Pas de drogue, pas d’alcool. J’ai été au bar et tout ce qu’on m’a proposé, c’était de l’eau de coco.

L’Ecstatic Dance fait partie de la mouvance "conscious clubbing" et pourtant, conscient ne veut pas dire chiant, les gens étaient un million de fois plus délirants dans leur façon de bouger que dans n’importe quel festival où les gens sont défoncés.

Une autre particularité de l’Ecstatic Dance, c’est qu’on ne parle pas. La parole est exclue ! On s’exprime exclusivement par le mouvement. On crée des connexions par le regard et le mouvement et on remercie gentiment les gens si on préfère rester seul dans son délire. Les photos ne sont pas autorisées, ce qui est quand même un sacré soulagement quand tu te mets à danser comme si tu étais habité par le diable.

L’énergie de cet évènement m’a fascinée, j’ai rarement vu une telle bienveillance dans un tel grand et joyeux n’importe quoi. L’Ecstatic Dance a duré quelques heures et s’est terminée par un gigantesque cercle de clôture. J’avais vécu un voyage chamanique urbain. C’était magique et en partant je me suis dit « Wow, et bah, en fait l’humanité, ça pourrait être ça ! ».

J’ai envie de vous traduire ce qui est dit sur le site d'Ecstatic Dance pour décrire ce que c’est. Juste parce que je trouve ça beau et que si ça raisonne en vous, vous faites déjà partie de la famille Ecstatic et j’espère sincèrement vous y croiser.

L’Ecstatic, c’est un espace de danse et de mouvement libre où :

  • La dance se déploie
  • L’âme s’active
  • Les frontières fondent
  • L’ennui disparaît
  • La créativité ressort
  • L’espoir revient
  • La beauté se repend
  • La communauté collabore
  • Le rituel est réinventé
  • L’harmonie raisonne
  • Le beat s’approfondit comme une tapisserie électronique aux rythmes du monde que l’on tisse tous ensemble.

Vous allez me dire, c’est bien beau la poésie ma petite, mais sinon on danse sur quoi ? Eh bien ça dépend du set du DJ. Ça va de l’électro à la musique tribale, à la house, au rock. Il n’y a pas de règle et le set est conçu comme une vague, pour faire évoluer ton mouvement.

« Quand on construit un set Ecstatic Dance, on se demande comment un morceau peut insuffler une atmosphère, un mouvement. À travers la musique, on va aller chercher plein de types d’endroits dans le corps et le cœur… », me dit Virginie Brune.


Virginie Brune, la créatrice de Ecstatic Dance Paris

Quand je suis revenue à Paris de mon voyage à San Francisco, qu’ai-je donc fait ? J’ai tapé "Ecstatic Dance Paris" dans la barre de recherche Facebook. Et c’est comme ça que j’ai pris connaissance des Ecstatic Dance qu’organise Virginie Brune.

Virginie a découvert L’Ecstatic Dance en passant quelques mois à Ubud à Bali en 2013. Prof' de Yoga, elle a aussi été formée de façon très technique à la danse moderne. Quand l’une de ses amies l’a emmenée pour la première vois à l’Ecstatic Dance, Virginie, véritable puriste du mouvement, n’a pas tout de suite compris.

« Au départ, j’étais pleine de jugements, du genre c’est quoi ce truc, c’est quoi ces "ugly dances" ? Pour moi ce n’était pas harmonieux, je ne ressentais pas le truc, je n’étais pas connectée à ça, c’était des gigotements, ça n’avait rien à voir avec de l’art. »

Mais sa pote l’avait prévenue, il fallait au moins essayer trois fois ! Alors Virginie est revenue et peu à peu elle a réalisé qu’elle cherchait constamment à contrôler ses mouvements. 

« Je voulais que chaque mouvement soit joli. Puis je me suis dit, OK, mais comment je le ressens de l’intérieur ce mouvement ? Qu’est-ce que ça fait si je relâche un peu mon épaule ? »

Peu à peu, Virginie s’est sentie revivre à travers l’Ecstatic Danse. « J’ai senti mes côtes s’écarter et j’ai ressenti comme une diffusion de vibrations incroyables, comme si j’avais une carapace qui s’était cassée et ouverte pour enfin voir ma lumière intérieure et ressentir une forme de joie inhérente à ce que je suis. », dit-elle.

En 2014, Virginie revient à Paris avec une idée en tête, lancer Ecstatic Dance Paris. 

« Il fallait que je continue à danser ! J’étais portée, j’étais enveloppée, et mon énergie était très haute quand je suis revenue, j’étais pleine d’espoir, de joie, et je voulais amener ça à Paris. Je voulais que Paris danse. J’avais des visions dans mes méditations, je voyais le béton dur de Paris se craquer et s’ouvrir, je voyais le béton respirer ! Je me suis dit que L’Ecstatic pouvait contribuer à relever l’énergie de Paris, car ici les gens sont durs, Paris est une ville qui souffre », dit-elle.

Elle trouve alors une salle chez Yoga Village et lance le concept. Depuis la communauté s’est agrandie, certains événements rassemblent plus de soixante-dix personnes pour danser, et cet été le rythme s’accélère. Plusieurs Ecstatic Dance auront lieu par semaine à Paris.

Si vous ne vivez pas à Paris, sachez que tout le monde peut lancer un Ecstatic Dance en suivant les guidelines, c’est la beauté de ce mouvement, car Ecstatic est une communauté. On retrouve des Ecstatic Dance partout autour du Monde, d’Oakland à New York, Bordeaux, en passant par Londres ou Amsterdam et quand on se joint à un Ecstatic dans un pays étranger, on y retrouve toujours un bout de soi, un bout de ses valeurs.

L’histoire de ce mouvement a démarré à Hawaii en 2001. Un dénommé Max Fathom a lancé, dans un centre de retraite, le concept. Lui-même était un adepte de la danse des 5 rythmes, un style de danse qu’il a mélangé avec son goût de la musique électronique. L’Ecstatic Dance était né, mais c’est seulement en 2008 que le concept a véritablement décollé quand à Oakland, Tyler Blank et Donna Carrol l’ont lancé. Depuis Oakland est le centre névralgique du mouvement.


Un monde de bisounours ? Oui et alors ? 

« Dans l’Ecstatic Dance, il y a vision locale, mais globale aussi. Ecstatic Dance, c’est un événement communautaire. Ecstatic, c’est des hommes et des femmes qui se rencontrent pour se connecter à eux-mêmes, mais aussi aux autres, dans une forme de solidarité et de valeurs communes pour créer la vie de demain et les échanges de demain. La danse, c’est une manière d’appréhender la vie ensemble, une autre manière d’échanger sur des valeurs respectueuses, bienveillantes. »

Virginie fait régulièrement venir des DJ's locaux ou internationaux du réseau Ecstatic Dance. 

Vous devez penser que c’est le monde des Bisounours et vous avez raison. Et alors, qu’y a-t-il de mal à ça ? L’Ecstatic Dance se termine toujours par un cercle, ou nous nous tenons tous les mains et où nous exprimons à travers un seul mot notre voyage intérieur.

« On finit toujours par un premier moment de silence. J’adore ce retour au silence où je vois les gens vidés, mais où on sent encore cette charge énergétique extraordinaire qui nous porte et nous relie. On sent à quel point on partage cette énergie, puis on l’emporte avec nous, toute la semaine. On la garde en mémoire et on la diffuse ! », dit Virginie.

Au début, j’étais gênée. J’avais envie de pouffer de rire. J’avais honte, j’avais tellement honte. Je me disais « Mon Dieu, quelle niaisierie ! ». J’étais dans le rejet et en même temps, je finissais toujours par revenir, comme si l’Ecstatic portait quelque part la promesse d’un autre monde possible, plus magique, plus bienveillant. L’Ecstatic Dance m’a peu à peu enseigné à ressentir de la gratitude. Regarder tous ces gens dans les yeux, car dans ce moment de silence, on se regarde. Regarder ces inconnus avec qui j’avais partagé un voyage ou mes mouvements aussi foireux puissent-ils être ont été accueillis avec une immense bienveillance. « Quand on se tient les mains en cercle, l’énergie circule vraiment entre nous. » J’ai trouvé dans l’Ecstatic une forme de simplicité dans l’échange qui fait du bien, qui donne envie de dire merci, et de revenir à la source de ce que devrait être l’humanité.

De nombreuses formes de chamanisme ont utilisé à travers les siècles le pouvoir du son et la danse pour aller vers la transcendance, se sentir plus connecté et trouver la paix. Finalement, l’Ecstatic Dance n’a rien créé de nouveau, mais a le mérite de renouveler et de remettre au goût du jour des recettes ancestrales que notre société moderne a oubliées.

Virginie a de grandes ambitions et espère qu’un jour, la communauté de danseurs Ecstatic sera aussi grande que celle d’Oakland et comptera des centaines de gens. Pour ça, Virginie cherche une salle de 200 mètres carrés ! À vous de jouer !

Vous retrouverez toutes les infos sur la page et le groupe Facebook Ecstatic Dance France et Ecstatic Dance Paris.