Pourquoi il faut se méfier des applis qui scannent tes produits

undefined 9 octobre 2019 undefined 18h38

Sarah Leris

Au supermarché, au magasin bio du coin ou même à la pause-déj', le premier réflexe est celui de scanner. Dégainer son téléphone, et utiliser cette application ouverte en continu qui permet de connaître l’impact sur la santé des produits qu’on s’apprête à acheter… Ou plutôt, c’est la belle promesse vendue par les applis pour scanner les produits.


« J’ai commencé à utiliser Yuka dès le lancement de
l’appli, je l'employais sur mes produits du quotidien et je me suis aperçue que la majorité de mon alimentation comprenait des produits chimiques et des additifs. » Très vite, Morgane y prend goût, utilise l’appli à chaque fois qu’elle fait ses courses, et élimine les produits qui contiennent des additifs ou qui sont mauvais pour la santé, du beurre aux jus de fruits industriels. Elle, et quelque 8,5 millions d’autres utilisateurs. Mais ces applis sont-elles réellement fiables ?

Ultra simples d’utilisation, ces applis classent les produits disponibles en magasin et parfois même leur donnent une note. Quand un produit est trop mauvais, elles proposent automatiquement une flopée d’autres mieux notés, et donc censés être meilleurs pour la santé. Oui mais voilà, ils ne sont pas si "meilleurs" que ça. Car pour créer son classement, la plupart d'entre elles ne se basent pas sur les études scientifiques les plus sérieuses, mais sur les plus alarmistes, pointant du doigt certains ingrédients néfastes tout en en délaissant d’autres tout aussi mauvais pour la santé ou l’environnement. « Au fil du temps, reprend Morgane, j'ai remarqué que l'application proposait des produits bien notés alors qu'ils contenaient de l'huile de palme ou des produits que je juge mauvais pour la santé, donc j'ai commencé par m'en méfier. »

Rajoutons à cela que les ingrédients nocifs, allergènes et potentiellement irritants sont tous mis sur le même plan dans la notation d’un produit, alors que l’on sait que tout le monde n’est pas égal face aux allergies. Ainsi, un paquet de biscuits ultra transformés peut par exemple recevoir une bonne note dans l’appli, tout en contenant plusieurs conservateurs et marqueurs forts de la transformation, comme l’amidon de blé ou la protéine de lait.

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La subjectivité du système de notation ne s’arrête pas là, puisqu’il utilise la base de données Open Food Facts, créée en 2012. Une sorte de Wikipédia des marques et des produits qui, comme le géant américain, permet aux utilisateurs de modifier chacune de ses pages comme bon lui semble. Les données, une fois modifiées, ne sont pas automatiquement vérifiées. Ce qui signifie aussi que, de la même manière, si les utilisateurs peuvent faire des modifications dans la base de données, les marques aussi. Et ainsi de modifier à leur convenance toutes leurs infos… Bref, si tu ne fais pas entièrement confiance à la véracité des informations disponibles sur Wikipédia, il en est de même pour les applis qui scannent tes produits.

Un outil à utiliser avec modération, donc. Comme Morgane, qui se restreint et reste seule juge sur la qualité d’un produit. « Maintenant j'utilise l'application uniquement pour les nouveaux produits car elle me permet de très vite éliminer ceux qui contiennent des additifs. Si un produit est bien noté sur l'application, alors je lis moi-même l'étiquette pour vérifier qu'il ne contienne pas de produits ajoutés mauvais pour la santé. Je pense que la meilleure façon d'utiliser ce genre d'application, c'est de tout revérifier par soi-même, en lisant directement les étiquettes des produits ».