Journée mondiale de l'environnement : le zéro déchet n'a jamais autant eu la cote à Paris

undefined 5 juin 2019 undefined 16h00

Sarah Leris

Chaque année, un Parisien produit plus de 450 kg de déchets, dont 277 kg d’ordures ménagères, selon l’ADEME. Quant aux déchets plastique, ce sont 8 millions de tonnes qui sont déversées dans les océans, soit 206 kilos de plastique par seconde. Au milieu de cette horreur, nombreux sont ceux qui décident de s’engager pour l’environnement en réduisant leurs déchets.


« Faire ses cosmétiques soi-même, ça fait flipper. Toute seule chez moi, j’ai peur de faire n’importe quoi, alors je viens ici, on nous montre les bons gestes, et on découvre qu’en fait c’est plutôt facile. Ça a un côté très rassurant. » Comme Cléa, ils sont des dizaines chaque semaine à pousser la porte de la Maison du Zéro Déchet, au pied du Sacré-Cœur. Cette petite boutique du 18e contient tous les objets nécessaires pour s’initier au zéro déchet, mais ce sont surtout les conférences et ateliers pratiques qui attirent les petits curieux. Fabrication de déodorant, savon, dentifrice, baume à lèvres, initiation au lombricomposteur, aux courses zéro déchet, à une garde-robe éthique et durable… Ici, on ratisse large.

Car le zéro déchet n’a jamais autant eu la cote dans la capitale. Puisque les Parisiens se sentent de plus en plus concernés par l’urgence climatique, l’écologie est devenue hype, et le zéro déchet, sexy. Restaurants, boutiques, marques de cosmétiques ou de vêtements, épiceries, tous le confirment, il faut être respectueux de l’environnement pour continuer d’exister sur le marché. Et comme tout marché en pleine expansion, on voit fleurir de nouvelles initiatives aux quatre coins de la capitale.


Des premiers gestes loin d'être inaccessibles

Parmi elles, l’inauguration de la "rue Zéro Déchet" en 2018, rue de Paradis (10e), où habitants et commerçants sont invités à réduire au maximum leur production de déchets. Une initiative qui rassemble, comme le montre le pique-nique participatif organisé par la Mairie un dimanche grisâtre et auquel les participants sont nombreux. Stand de sensibilisation, animations et ateliers récup’ côtoient le pique-nique, où chacun joue le jeu et apporte ses couverts, assiettes et gobelets réutilisables. « C’est bien de montrer qu’une autre façon de consommer est possible, avoue Laetitia. Pour moi qui vis entièrement zéro déchet depuis trois ans, ça fait plaisir d’échanger avec des voisins sur mon mode de vie. » Selon elle, les mentalités ont énormément changé au cours des dernières années. « Sur Internet surtout, je vois de plus en plus de sensibilisation. Rien que sur les groupes Facebook dont je fais partie qui traitent du zéro déchet, le nombre de membres a explosé. Je fais moi-même partie des gens qui ont eu un éveil de conscience au cours des dernières années, au final, mais depuis, la communauté grandit de plus en plus ! »

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S’il est trop tôt pour recenser une population qui adhère à ce mode de vie encore jeune, il est évident que la demande augmente. Et avec elle, l’offre ! Nombreux sont les commerces qui adhèrent à la tendance, notamment la première épicerie a avoir démocratisé le vrac, Day by Day (3 adresses à Paris), dont le concept était novateur : aucun pré-emballage, et prix au poids pour tous les produits. Pâtes, riz, légumes secs, fruits secs, épices, thé ou café… Fini les emballages superflus et les aliments jetés à la poubelle parce qu’ils périment avant qu’on ait le temps de les manger. Depuis, le concept a été largement repris par la plupart des magasins bio, et quelques supermarchés commencent même à s’y mettre. Qui l’eut cru il y a encore quelques années.

Mais le zéro déchet à Paris, ce n’est pas que l’alimentation ! Des boutiques éthiques et écologiques font surface, comme Lamazuna, dans le 10e. Si sa proximité avec la rue de Paradis est bien une coïncidence, la marque, qui produit des cosmétiques solides zéro déchet et fabriqués en France, est l’une des pionnières et initie chaque année des milliers de personnes au principe du zéro déchet. Dentifrice, déodorant ou shampooing solides, tous les cosmétiques de la salle de bain sont revisités en zéro déchet, de même pour la brosse à dents en bambou avec une tête recyclable, ou l’oriculi, cure-oreilles écologique en bambou qui remplace des centaines de très polluants cotons-tiges.


Une population qui peine à sauter le pas

Alors pourquoi est-ce si difficile de se mettre au zéro déchet pour une grande partie des Parisiens ? S’il suffisait que les alternatives se développent pour régler le problème du réchauffement climatique, celui-ci appartiendrait déjà presque au passé. Le vrai problème, selon Laetitia, c’est la population. « Il faut relativiser, on est une grande minorité à avoir adopté le zéro déchet et il nous reste un long chemin à faire pour réussir à le démocratiser. Beaucoup s’en foutent de l’avenir de notre planète, et d’autres ont la flemme d’agir, mais on ne baisse pas les bras… Sinon on ne ferait rien de notre vie. » Plusieurs raisons pourraient expliquer ce retard, en première ligne, le fait qu’il est extrêmement effrayant pour un adulte qui vit à Paris de modifier de manière conséquente ses habitudes. Car on aime notre vie telle qu’elle est, nos apéros, nos diners entre amis, nos soirées… À cette peur s’ajoute celle de devoir dépenser plus pour se fournir en matériel. Or, l’initiation au zéro déchet implique une remise en cause de son mode de vie, certes, mais nul besoin d’investir beaucoup d’argent ou de fabriquer tout de ses propres mains. Un shampooing solide Lamazuna, par exemple, coûte 9,90 € mais il dure plus longtemps que deux grandes bouteilles de shampoing liquide, quand l’oriculi, lui, est affiché au prix de 4,50 €, avec une durée de vie illimitée. Un investissement très rapidement rentabilisé, donc. Il faut le croire, désormais, plus rien ne nous empêche d’adopter le zéro déchet !

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Les bonnes adresses

Cosmétiques

La Maison du Zéro Déchet
3, rue Charles-Nodier – 18e

Lamazuna
31, rue Louis Blanc – 10e


Épiceries

The Naked Shop
75, rue Oberkampf – 11e

Kilogramme
10, rue de Meaux – 19e

Day By Day
70, rue de Sèvres – 7e
1, rue du Général-Beuret – 15e
46, rue des Moines – 17e

Réservoir Bio
109, rue de Belleville – 19e

Opoa
30, rue Albert-Thomas – 10e


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